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La réserve du bout du lac - Interview et présentation de la réserve sur le terrain

Par admin jeanjacquesgallay-scionzier, publié le lundi 17 juin 2024 10:47 - Mis à jour le lundi 17 juin 2024 10:47
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Après leur navigation sur l'Espérance III, les 5°3 ont continué leurs investigations sur la préservation du lac d'Annecy en visitant la Réserve du Bout du Lac à Doussard

Comment fait-on pour protéger la réserve? 

Déjà, on établit des règles pour éviter que les gens fassent n ‘importe quoi. Ensuite, on a un ou une garde de la réserve naturelle qui fait respecter la réglementation. Nous avons aussi des scientifiques qui vont étudier les animaux et les plantes et nous dire lesquels sont rares ou menacés. Ils établissent un document qui va dire ce qu’on va faire pour telle ou telle espèce. Cette espèce de plante, elle est fragile. Qu’est -ce qu ‘on fait pour la protéger ? Donc on apprend à gérer la réserve.

Pourquoi la réserve naturelle a été créée ? 

La réserve naturelle a été créée en 1974 parce que nous savions qu’il avait plein d’animaux de plantes rares qu’on ne trouvait pas beaucoup ailleurs en France, qui étaient très fragiles et aussi parce qu ‘il y avait un projet de construction de port et tous les animaux les plantes rares allaient disparaître. La réserve naturelle a donc été créée pour protéger la nature

Qu’est ce qui est interdit dans la réserve naturelle ? 

Souvent nous interdisons ce qui fait du bruit, ce qui pollue et ce qui dérange les animaux. Parfois la chasse est interdite, souvent les motos sont interdites, même les vélos sont interdits. Le survol en parapente est aussi interdit. La réserve naturelle du Bout du Lac contient beaucoup d ‘interdictions, c’est une des plus strictes de France car elle est petite et entourée de menaces potentielles. 

Qui décide des règles ? 

Alors c’est un peu compliqué, ça dépend des réserves naturelles. Une réserve naturelle, ça dépend de l ‘État, donc c’est sous la responsabilité du président de la République et plus précisément du préfet de département, parce que le président de la République a donné les pouvoirs au département. C’est le département qui va juger les règles de la réserve naturelle. 

Et c’est nous, les gestionnaires de la réserve naturelle, qui proposons au département d’imposer une réglementation. Nous leur disons ce que nous constatons sur le terrain, le dérangement que ça produit. Mais nous ne pouvons pas prendre la décision tout seul. c’est assez complexe. 

Quelles sont les sanctions en cas de non-respect des règles ?

Elles sont très variées. Ça peut être une amende, mais le prix est très variable. La moins chère, c’est 68 euros et après c’est jugé au tribunal, mais ça peut aller jusqu ‘à des amendes beaucoup plus élevées et même jusqu’à de l’emprisonnement. Le but, c’est que les gens ne recommencent pas, donc nous demandons l’établissement de règles dissuasives. 

La pire des infractions, c’est la destruction d ‘espèces protégées, comme par exemple tirer sur un castor, là ça peut aller jusqu ‘à 3 ans d ’emprisonnement. 

Avez-vous déjà dû prendre des décisions strictes contre des personnes qui ne respectent pas les règles? 

Personnellement non, c’est le garde de la réserve naturelle qui prend ces décisions et il doit le faire en fonction des règles. Globalement, la majorité des infractions constatées, ce sont les chiens qui viennent dans la réserve naturelle. Des vélos, aussi. Des pêcheurs qui ne pêchent pas au bon endroit. Mais c’est plutôt calme. 

C’est quand même bien connu que c’est une réserve naturelle et les gens ne font quand même pas trop trop de bêtises.  

Les règles ont-elles changé depuis la construction de la réserve ? 

Les règles sont super dures à changer. Elles ont été décidées au tout début à la création de la réserve naturelle. Il faut bien réfléchir à tout, parce qu ‘après, rajouter une règle, c’est super compliqué. Les plus récents ajouts, ce sont l ‘interdiction des drones et des vélos. 

Quelqu‘un vous a-t-il déjà mis en danger, en ne respectant pas les règles? 

Moi non, après il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas respecter la réglementation, donc moi je leur explique mais ils ne sont pas forcément très sympathiques. Je ne peux pas leur interdire, je ne peux pas leur faire respecter la réglementation, parce que je ne suis pas garde de la réserve naturelle. 

Cela peut être assez frustrant d ‘avoir quelqu’un qui fait une bêtise devant nous puis de ne pas pouvoir intervenir, mais voilà, je n’ai jamais été en danger.

Y a-t-il des poubelles dans la réserve naturelle ? 

On a fait le choix de ne pas mettre de poubelles parce qu‘on ne veut pas que ce soit conçu comme un parc en ville. On veut vraiment que ce soit un espace le plus sauvage possible. Et on veut que les gens apprennent à repartir avec leurs poubelles. 

Et puis en plus, si on met des poubelles, il faut déjà pouvoir les ramasser. Et du coup, il faut payer quelqu ‘un pour le faire. Et on n ‘a pas les moyens de payer quelqu’un pour le faire. 

La RN est-elle exposée au bruit ? 

Alors, le bruit, maintenant, le problème, c’est qu ‘en France, il y en a partout, partout, partout. Donc il faut faire avec, les espèces, elles ont plus ou moins appris à faire avec. 

Le but, c’est que dans la réserve, on limite au maximum le bruit. On entend pas mal les motos qui passent, on entend aussi les voitures, mais c’est quand même plus tranquille que juste à côté de la route, en plein milieu du village. 

Et nous, on fait en sorte que les gens, ils ne puissent pas mettre de musique sur le site. 

 

 

 

Qu’en est-il des espèces invasives ? La réserve naturelle est-elle touchée par le phénomène ? 

Oui, malheureusement. Regardez cette plante, par exemple. Ce sont des arbres à papillons, tout droit venus de l’Himalaya. Souvent, elles deviennent envahissantes, donc elles poussent très vite et elles empêchent les autres plantes, les locales, de pousser. Au bout d’un moment, elles risquent de faire disparaître certaines espèces rares de la réserve naturelle. Peut -être qu ‘à la fin, là, dans 10-20 ans, on n’aura que de l ‘arbre à papillons et de la renouée du Japon. Peut -être qu ‘il n ‘y aura plus les espèces d’orchidées qui poussent aujourd’hui dans la prairie. Peut -être qu ‘il n ‘y aura plus de roseaux. c’est un risque. 

Mais notre rôle, ce n’est pas de déplacer la nature, c’est de protéger ce qui existe. Et on ne peut pas les déplacer et on ne peut pas intervenir, ce n’est pas un jardin public.