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ESPÉRANCE III : L’interview à bord du bâteau

Par admin jeanjacquesgallay-scionzier, publié le lundi 17 juin 2024 10:21 - Mis à jour le lundi 17 juin 2024 11:00
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Les élèves de 5ème3 du collège de Scionzier sont montés à bord de l’Espérance III et ont posé des questions sur l’histoire et le fonctionnement de cet iconique bateau à voile latine.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ? 

Bonjour, je m’appelle Pierre, je suis membre de l’association et homme de pont, responsable de la sécurité des passagers sur le bateau. Philippe, là-bas, c’est le patron, c’est-à-dire le capitaine sur le navire. Ensuite vous avez Christophe, lui il est bosco, c’est le second sur le navire, il s’occupe de l’orientation des voiles lorsqu’on vire de bord. Michel est à la barre, c’est lui qui dirige le bateau. Devant vous avez Vincent qui est à la vigie, il surveille tout ce qui se passe à l’avant, il s’occupe aussi des amarres lorsque le bateau entre au port et qu’il faut attacher le bateau au quai ou au ponton. 

Quelles sont les fonctions du capitaine ? 

C’est le responsable de tout ce qui se passe sur le bateau.

Comment avez-vous trouvé les membres de votre équipage ? 

C’est surtout par le bouche à oreille. Les gens étaient intéressés, venaient par curiosité, et puis certains et certaines se sont investis dans l’aventure. 

Combien faut-il de personnes minimum sur le bateau pour qu’il puisse sortir sur le lac ? 

Pour que le bateau sorte, il faut que l’on soit au minimum 7 équipiers. Le patron, le barreur, deux personnes à l’avant, deux personnes à l’arrière et une personne “homme de pont”, qui d’ailleurs peut être une femme, qui s’occupe du public et la sécurité. 

Pourquoi avoir construit le bateau Espérance II ? 

C’était une idée un peu folle, venue de deux personnes, Pierre Lachenal et Renaud Veyret, qui ont voulu reconstruire le bateau Espérance II qui avait disparu dans les années 1930. D’autres personnes se sont jointes, des études ont été faites et puis la construction a eu lieu. Tout a commencé à la fin de l’année 2016. Pour faire émerger le projet, 3 sociétés locales ont donné 50 000 € pour faire l’étude de faisabilité du projet. Ensuite, nous avons fait appel à un cabinet d’architecte à Bordeaux, un maître d’œuvre de Fréjus, et la construction du bateau s’est faite dans les locaux des Forges de Cran, une friche industrielle. Le bateau a été construit par deux charpentiers de marine bretons, Compagnons du Tour de France, aidés par d’autres charpentiers du coin. Il faut savoir que tout le bois est entré brut dans l’atelier et toutes les pièces ont été taillées et façonnées sur place.

 

Combien de membres comporte l’association ? 

Il y a 220 membres dans l’association, et 60aine de bateliers, patron, boscos. Le président de l’association est Jean-Pierre Bonicel. 

Quels étaient les défis pour construire Espérance III ? 

Le plus gros défi, c’était de trouver l’argent nécessaire à la construction du bateau, et donc de convaincre les gens d’investir dans le projet. En tout, le projet a coûté 1,7 millions d’€ et le chantier a duré 16 mois, en plein Covid.

Comment avez-vous eu accès aux plans du bateau ? 

Il n’y en avait pas beaucoup. Aux archives municipales, il n’y avait que quelques informations sommaires, donc nous nous sommes rapprochés du bateau La Vaudoise, à Ouchy en Suisse. Ce bateau a les mêmes dimensions. 

Comment rendre la coque du bateau étanche ? 

Chacune des lames de bois est reliée à l’autre par un cordon de lin, enduit de goudron, on appelle ça le calfatage, l’étanchéité était vraiment bien faite grâce à cette technique. 

L’Espérance III a été construite avec des voiles latines. Quel est le principe d’une voile latine ? 

Ce sont des voiles qui sont fixées sur des antennes, elles-mêmes attachées à un point fixe sur les deux mâts, ce qui leur permet d’opérer une rotation à 180 degrés lorsque le bateau vire de bord. 

Nous voyons ici, sous le pont, deux moteurs électriques. A quoi servent-ils et comment sont-ils alimentés ?

Nous n’avons pas le droit de sortir et d’entrer au port à la voile, pour des raisons de sécurité, notamment lorsqu’on s’amarre dans le canal du Thiou à Annecy. Compte tenu que c’est un bateau historique et que nous voulions avoir une image très saine par rapport à la propreté du lac d’Annecy, nous avons opté pour ces deux moteurs électriques de 40 kW chacun qui sont faits par une société italienne. Les deux moteurs sont alimentés à chaque fois que le bateau est au port. 

Que transportait le bateau Espérance II, l’ancêtre de l’Espérance III ? 

L’Espérance II transportait de la lignite, un charbon pauvre extrait des mines locales, comme à Montmin et à Entrevernes. Il transportait aussi des pierres, des briques, des tuiles, du bois. Annecy était alors en pleine expansion et les bateaux étaient beaucoup utilisés.  L’Espérance II a navigué de 1910 à 1930. 

Pourquoi l’Espérance II a arrêté de naviguer et comment a-t-il été détruit ? 

C’est l’arrivée du train, avec la ligne Albertville – Annecy et le percement du tunnel de la Puya, ainsi que l’avènement de la voiture et la construction de routes fiables qui a précipité la fin de l’utilisation de l’Espérance III. À l’époque, le bateau était un excellent moyen de transport, facile et pratique, face aux difficultés d’acheminement sur les anciennes routes peu carrossables.  

L’Espérance 2 a terminé sa vie à Saint-Jorioz où il était utilisé comme carrière de bois. Certains disent même qu’il y a des manteaux de cheminée de Saint-Jorioz qui auraient été fabriqués avec le bois venant de l’Espérance II.